La quête de survie (fanfic individuelle, inspiration RE)
Publié : 08 avr. 2006, 11:07
La quête de survie
Nous sommes le 13 Août 1997. Il y a quelques jours, mon patron a décidé de me muter dans l’une de ses filiales à Raccoon. Avec ce que j’ai fait, il aurait dû me remercier dans les règles ! Détournement de fonds avec une visite médicale révélant des troubles schizophréniques récurrents. On ne pouvait pas dire que j’étais un bon parti. C’est surprenant venant de sa part, qui plus est, il ne pouvait pas me sentir, mais au moins, j’ai le mérite de conserver ma place. Je vais sur mes 30 ans, je suis célibataire, donc pas d’attaches à New York, ville à qui j’ai prié le bonsoir avant mon départ. J’ai roulé toute la nuit, je ne sais pas quelle heure il peut être car je ne porte jamais de montre et l’horloge de bord n’est plus en état de fonctionner. Le temps me semble infiniment long sans indication de temps. A la lueur des phares, j’aperçois enfin un panneau indiquant « Raccoon 2 kms ».Je prends alors la sortie d’autoroute que j’emprunte depuis un bon moment, je crois. Je n’ai rien avalé depuis mon départ, je devrais bien trouver un commerce d’ouvert dans la ville.
« Welcome to Raccoon City, City of Fun ».Voilà ce qui m’a accueilli à l’entrée de la ville. Si ma mémoire est bonne, lors de mon séminaire à Beach Bay, non loin de là, des collègues et moi étions venus boire un verre dans un bar à thème très branché « Le Helldemon ». Un samedi soir comme aujourd’hui, à part que pour un début de week-end, les rues sont bien calmes. Je connaissais fort peu la ville mais d’après ce que j’avais pu y apercevoir jusque là, ma nouvelle vie s’annonçait sans surprise. Une vieille église de style gothique surplombait la ville, me surveillait de son œil imposant. Un parc municipal me faisait face mais en essayant d’ouvrir la porte qui y accédait, je constatais qu’elle était verrouillée par un cadenas double. Je n’ai pas envie de me promener dans un parc en pleine nuit, qui sait quelle mauvaise rencontre pourrai-je y faire ? De toute manière, en premier lieu mangeons ! La rue donnait sur un large boulevard sans éclairage ou très peu. Sur ma droite se trouvait une place avec un café dont l’enseigne grésillait d’une lumière bleutée « Le bar de la Place ». Je rentre dans le bar…
Une lampe éclairait difficilement la pièce, balayée par le souffle du vent qui s’engouffrait par la porte. Les tables et les chaises qui me faisaient face étaient correctement rangées, un menu était posé sur chacune d’elle. Le sol, quant à lui, était en bois vernis. Le fonds de la salle présentait un large comptoir assorti de tabourets, un gigantesque miroir brisé en son extrême droite le surplombait. Tout en observant les fissures dans le miroir, mon regard s’attarda sur un gars étendu de ce coté du comptoir. Il portait un jean sale dont l’avant était plein de boue sèche. Sa chemise verte à carreaux n’était plus verte à vrai dire, elle était maculée de sauce tomate et de morceaux de viande. « Encore un qui s’est épuisé à la tache, il s’est endormi sur son hamburger ! ». Une fiche avec son nom collait à sa chemise : Eric STEALMAN. Je tentais alors de le réveiller : « Bonsoir monsieur ! », pas de réponse… « Monsieur ? », toujours pas de réponse. Une odeur de moisi planait…
Surpris, je m’avance vers lui. Un fusil à canon scié était sur le sol, je me baissais…Il était vide. C’est alors que je découvre avec horreur qu’il a un énorme trou derrière la tête. « Ce n’était ni du Ketchup ni des morceaux de hamburger ! ». Sa cervelle avait littéralement éclaté. On pouvait distinguer les deux globes oculaires rouge vif. La paroi interne de son crâne était recouverte de sang séché. Lorsque je m’attardais sur ce qui restait de son arrière gorge, je fus pris de hauts le cœur incontrôlables et ce qui devait arriver…arriva. Je me retournais brusquement puis vomis par deux fois mon repas du midi. Je m’essuyais du revers de la main droite. Des vers avaient commencé à dévorer sa langue et remonter de son œsophage. J’étais fan de films d’horreur mais là, ça dépassait tout ! Le visage de cet homme était fripé mais intact, par contre l’arrière était explosé et en décomposition. Un vrai masque. Cet homme avait apparemment pris le soin de remettre de l’ordre dans le bar avant de se donner la mort avec ce fusil. Tout en crachant par terre les restes de déchets coincés dans ma gorge, je m’interrogeais sur les raisons qui l’avaient poussé à agir aussi radicalement. Je fis demi-tour et empruntais la porte par laquelle j’étais entré plus tôt…
Au moment où je franchissais le pas de la porte, une femme me heurta et s’écroula devant moi. Je tendais la main pour la redresser mais je la voyais déjà reculer accroupis et se cacher la tête derrière ses bras et entre les genoux, comme un geste de répulsion. Elle tremblait de tout son être. Je tentais de la calmer en faisant un peu d’humour et lui disais : « Calmez-vous, je ne vais pas vous manger ! ». M’entendant parler, elle releva doucement la tête puis apercevant mon visage, elle me tendit la main. Elle portait un tailleur pourpre arraché en sa longueur, qui laissait entrevoir une partie de sa poitrine, ses genoux étaient écorchés, il ne lui restait qu’une chaussure à talon aiguille. « Pas très pratique pour marcher ! ». En la redressant, la première chose qu’elle fit, fût de l’ôter. Elle suait à grosses gouttes, son visage était crispé. A peine l’eu-je relever que j’entendais dans la ruelle en contrebas comme des plaintes mêlées à des bruits que je ne saurais qualifier : « Des personnes marchent trempées dans la rue ? Quelque chose de métallique traîne par terre ? ». La femme avait entendu elle aussi. Elle dit en tremblant : « Ah non, pas encore eux !! ». Ecarquillant les yeux, je lui demandais : « Qui eux ? ». Elle me répondit inquiète : « Eux ! Les monstres, ils me cherchent ! ». Dubitatif, je lui dis : « Les monstres ?!! Vous devez encore être en état de choc ! » . Puis, dans le faible éclairage qu’offrait la ruelle, je vis peu à peu se dessiner sur le mur des formes humaines à l’exception faite que ce qui semblait être les bras, était démesurément musclés et se finissait par des pointes. D’un seul coup, l’ampoule qui éclairait la ruelle éclata, laissant les personnages dans la pénombre. Puis à dix mètres de nous, je vis une personne s’avancer, puis une seconde, une troisième, deux autres suivaient derrière. Les cris plaintifs émanaient de ces femmes. Enfin, elles m’apparurent plus distinctement grâce à l’enseigne clignotante. Les deux premières avançaient vers nous bras tendus. Après une rapide observation, je m’aperçu que ce n’était plus des bras mais des griffes courbées d’au moins cinquante centimètres de long. Elles étaient toutes dans un état de putréfaction avancé, leurs membres luisaient de pus et laissaient apparaître des veines difformes. Des bras de mutants dans des corps de femmes. Ce qui m’a interloqué fût leurs regards étranges, des yeux reptiliens avaient remplacé les standards…
Je rentrais à nouveau dans le bar et m’emparais d’une chaise. Puis nous attentâmes quelques secondes qu’elles se rapprochent car d’après ce que j’avais pu voir, elles n’étaient pas du genre rapide. A trois mètres de nous, les râles se faisaient plus déterminés. Nous les contournâmes et je lançai la chaise sur la créature la plus proche qui la reçu en pleine tête ce qui la fit reculer puis tomber sur ses acolytes. Profitant de cette situation, nous nous sommes mis à courir tous les deux vers la ruelle d’où étaient venus ces monstres. La ruelle était dépouillée de tout objet à l’exception d’une poubelle nauséeuse. Dans sa continuité, on apercevait à intervalles réguliers des ampoules mourantes. Les créatures étaient déjà de retour mais nous progressions plus vite qu’elles. Elles se rapprochaient tout de même. D’un coup, une idée malsaine me vînt à l’esprit qui me permettrait de m’en sortir sans encombre. Je décidais de la mettre en application. J’arrivais alors à proximité de la femme et la poussais violemment sur la poubelle et elle heurta le mur tout en me regardant d’un air incompréhensif. Elle était sonnée par le choc. Je continuais ma course effrénée tout en pensant au geste inconsidéré que j’avais accompli. « Comment ai-je pu faire une chose pareille !!? ». Je décidais de réparer tout ça et me retournais et fis quelques mètres en arrière mais les créatures n’étaient plus qu’à deux mètres d’elle et moi une quinzaine. Une créature venait de lui saisir un pied. Il était trop tard pour faire quelque chose. Je décidais de l’abandonner à son triste sort, mieux valait elle que moi. « Je ne préfère pas imaginer ce qu’elles vont lui faire subir ! ». Je fis demi-tour discrètement puis m’éloignai de plus en plus vite jusqu’à arriver à un virage donnant sur une ruelle courte aussi lugubre que la précédente. Avant de tourner, je jetais un rapide coup d’œil derrière moi mais la distance était trop importante et la luminosité trop faible pour y distinguer quoi que se soit. D’après le silence complet qui y régnait, les créatures avaient fini par achever cette pauvre femme qui n’avait cessé de hurler…
« Cette ville semble morte, tout comme ses habitants d’ailleurs ! ». Mis à part ce barman et cette mystérieuse femme, aucune trace de vie. Il fait toujours nuit noire sans étoile. Il flottait dans l’air une odeur de relent, de moisi. Qui plus est, des monstres dignes d’une production de Stephen King nous ont attaqué. « Tout compte fait, cette ville est très sinistre, plus vite je la quitterai, mieux cela sera. ». La ruelle dans laquelle je me trouvais était pavée dans toute sa longueur. De temps à autre, des portes grillagées laissaient entrevoir des jardins sinistrement sombres et dépouillés de toute vie. Au loin, peut-être à deux cent mètres, j’entendis des plaintes de chien, elles semblaient émaner de cette bâtisse. Je décidais de m’en approcher. C’était une très vieille bâtisse de style XVIIIème. Son perron était dominé par deux immenses statues. L’une était un ours levé sur ses pattes arrière, prêt à vous lacérer, on pouvait y distinguer l’inscription suivante « VIGUEUR ». L’autre était un doberman dressé sur un rocher, une inscription aussi, « RAPIDITE ». Après avoir dépassé ces colosses de pierre, la porte d’entrée était à cinq mètres environ. La poignée était bloquée et seule l’idée de jouer les gros bras en tentant de défoncer cette porte de l’épaule me faisais rire. Une porte en bois massif d’environ trois à trois mètres cinquante, inviolable en l’état actuel. On pouvait contourner le bâtiment mais difficilement. Sur la droite, des câbles électriques jonchaient le sol humide, mieux valait ne pas s’y aventurer. De l’autre, une porte grillagée sur un chenil d’où émanaient ces complaintes. J’optais pour la seconde solution, moins dangereuse. Je poussais la porte du chenil qui s’entrouvrit dans un raclement métallique. Elle donnait sur une rangée étroite de cages grillagées vides et insalubres. Les aboiements se faisaient plus nets. Localiser ce chien était chose facile, de ce fait j’allais droit au but. Au détour de l’allée, un doberman hurlait à la mort. Par je ne sais quels moyens, il était parvenu à sectionner le grillage et sa tête dépassait à présent. C’était un spectacle affreux, pour tenter de s’extirper de sa cage, il avait certainement coupé le grillage avec ses crocs et sa tête était entièrement lacérée, sa chair meurtrie luisait, des lambeaux de lèvres pendaient autour de son cou. Il était à bout de souffle, il n’en pouvait plus. Sa mort était inéluctable. Rien que de penser à ce qu’il avait dû endurer et pour quel résultat me faisait frémir. D’un coup, la chute d’une poubelle me fis retrouver mes esprits. « Moi qui me croyais seul ! ». Je fis demi-tour et, arrivé devant la bâtisse…
Les créatures avaient retrouvé ma trace. Elles étaient beaucoup plus nombreuses que tout à l’heure, j’en dénombrais une quinzaine. Elles restaient immobiles et me fixaient de leurs yeux reptiliens comme si elles attendaient quelque chose de ma part. De temps en temps, les créatures les plus agacées d’attendre, lançaient un râle d’impatience. Je ne croyais pas ce que je voyais. Mes membres se raidissaient à vue d’œil. Je n’y comprenais rien. J’avais pourtant été très discret et prudent. « Qu’est ce qui avait pu les mener jusqu’à moi ? Du sang ? Non, je ne suis pas blessé. Mes empreintes ? Peut-être, je ne sais pas…Il fait tellement clair !! ». Et d’un coup, en reprenant ma respiration, en humant cette odeur pestilentielle, une autre raison me vînt. « L’odeur de la femme s’était imprégnée sans doute dans mes vêtements, j’avais à plusieurs reprises été en contact avec elle. Les créatures étaient parvenues à me retrouver à cause de cette femme ! Qu’allais-je devenir maintenant qu’elles s’étaient occupées d’elle ? ». Rien que cette idée me glaçait le sang. J’étais figé mais je devais réagir si je voulais m’en sortir…M’enfermer dans le chenil ne me paraissait pas être une bonne solution. « Vu les lames de rasoirs qui leur font office de bras… La porte ne tiendra pas longtemps. ». Je ne pouvais pas me servir des statues car elles étaient beaucoup trop massives pour faciliter mon escalade. Le jardin sur la droite de la bâtisse était gorgé d’eau et des fils électriques baignaient dedans. Les créatures m’observaient inlassablement en râlant de temps à autre. A l’extrême gauche de la bâtisse étaient fixée toute une série de gouttières en métal qui rejoignaient presque la fenêtre de l’étage. « C’est mon unique chance… ».
Je fis un premier pas vers la bâtisse, un second lentement. Je ne voulais en aucun cas énerver les créatures. Dix mètres me séparaient de la première gouttière. Les monstres fixaient à présent la bâtisse d’un air absent. Il ne me restait que quelques pas encore à faire. J’en refis un puis un second et m‘arrêtai pour observer de nouveau. La rue était calme, les créatures ne bougeaient pas. Néanmoins, mon regard s’attarda sur l’une d’entre elles, à quinze mètres de moi, qui était comme prise par des soubresauts. Ses bras restaient inertes mais son torse ondulait, émettant des écoulements de pus sur la surface de sa peau. Sa tête était tournée et ne laissait voir qu’un tas de chairs putréfiées. D’un coup, elle s’immobilisa et reprit sa posture initiale. Mais rapidement, sa tête fit un volte face, se braqua sur moi et esquissa un sourire funeste. A peine l’eu-je aperçu que ses congénères en avaient fait de même. « Je dois faire vite…très vite même… ». J’attrapais la gouttière et commençais mon escalade tant bien que mal pendant que les râles de ces créatures me perturbaient… J’ai maintenant une fenêtre à ma droite mais je ne peux pas l’atteindre. Soudain, je vis une main se tendre vers moi, puis un bras…un visage dans l’ombre, c’est cette mystérieuse femme. « Quand j’y repense, je l’ai laissée à la merci de ces créatures et c’est elle qui me sauve, j’ai honte…Mais comment a t-elle pu se sortir d’un tel guêpier ? ………Bref, c’est ma seule chance de rester en vie. ». Je lui tends la mienne et tout en s’agrippant à mon bras, je vois avec horreur que son visage pâlit à vu d’œil et laisse apparaître deux yeux reptiliens. Elle attrape le second, me ramène vers elle et d’un seul coup d’un seul, elle me projette dans la ruelle, parmi ces créatures. Un rapide regard et je m’aperçus qu’elles étaient identiques comme deux gouttes d’eau, elles avaient dû être l’objet d’une infection virale très puissante… « Quel lâche ai-je été !!! J’aurai dû la secourir…ou ne pas lui faire confiance il y a quelques instants et me débrouiller seul……………… ». Ma chute semblait étonnamment longue, j’allais mourir…Ces créatures n’auraient guère pitié de moi. Je voyais par flash des instants de ma vie passée. Pour mon sixième anniversaire, mes parents m’avaient offert un garage avec quelques voitures. Cela m’avait énormément fait plaisir car c’est celui dont j’avais toujours rêvé : un garage rouge à trois étages avec rampes, station essence, le tout électronique, à chaque passage de voiture sur l’une des rampes, des crissements de pneus se faisaient entendre…Mon premier baiser, au lycée, en 1ère Compta, avec une fille que très peu de gars de la promo appréciaient. Elle avait adopté le style gothique, cheveux ébène, lentilles laiteuses, de très longs ongles noirs et un ensemble noir également, très court. Je détestais voir ce style chez les hommes par contre chez les femmes, cela m’attirait beaucoup…Puis, je me vis, moi, mon visage blêmissant à vu d’œil, vision d’horreur qui disparut dès que je heurtai le sol. J’étais encerclé. La chute de cinq mètres m’avait sonné. Je réalisais à peine ce qui m’était arrivé. Trois de ces bêtes me maintenaient par terre. Leurs serres immenses m’empêchaient de faire le moindre geste. A ce moment, je voulus crier de toutes mes forces mais je vis une quatrième créature s’avancer vers moi. Elle avait l’air de rire. Tout en levant la main vers le ciel, qui laissait entrevoir des griffes magistrales aussi coupantes que des rasoirs, elle s’avança vers moi et me planta une de ses mains crochues dans le ventre. En un éclair, c’est la déchirure, mes organes internes se liquéfient. « Mais que m’a t-elle fait ? Vais-je servir de dessert ? L’heure n’est plus aux plaisanteries… »
« Je ne sens presque plus rien, je ne peux plus bouger, mon pouls ralentit de plus en plus………………………………………………………………………………………………………»
. Puis…………plus rien……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
Nous sommes le 13 Août 1997. Il y a quelques jours, mon patron a décidé de me muter dans l’une de ses filiales à Raccoon. Avec ce que j’ai fait, il aurait dû me remercier dans les règles ! Détournement de fonds avec une visite médicale révélant des troubles schizophréniques récurrents. On ne pouvait pas dire que j’étais un bon parti. C’est surprenant venant de sa part, qui plus est, il ne pouvait pas me sentir, mais au moins, j’ai le mérite de conserver ma place. Je vais sur mes 30 ans, je suis célibataire, donc pas d’attaches à New York, ville à qui j’ai prié le bonsoir avant mon départ. J’ai roulé toute la nuit, je ne sais pas quelle heure il peut être car je ne porte jamais de montre et l’horloge de bord n’est plus en état de fonctionner. Le temps me semble infiniment long sans indication de temps. A la lueur des phares, j’aperçois enfin un panneau indiquant « Raccoon 2 kms ».Je prends alors la sortie d’autoroute que j’emprunte depuis un bon moment, je crois. Je n’ai rien avalé depuis mon départ, je devrais bien trouver un commerce d’ouvert dans la ville.
« Welcome to Raccoon City, City of Fun ».Voilà ce qui m’a accueilli à l’entrée de la ville. Si ma mémoire est bonne, lors de mon séminaire à Beach Bay, non loin de là, des collègues et moi étions venus boire un verre dans un bar à thème très branché « Le Helldemon ». Un samedi soir comme aujourd’hui, à part que pour un début de week-end, les rues sont bien calmes. Je connaissais fort peu la ville mais d’après ce que j’avais pu y apercevoir jusque là, ma nouvelle vie s’annonçait sans surprise. Une vieille église de style gothique surplombait la ville, me surveillait de son œil imposant. Un parc municipal me faisait face mais en essayant d’ouvrir la porte qui y accédait, je constatais qu’elle était verrouillée par un cadenas double. Je n’ai pas envie de me promener dans un parc en pleine nuit, qui sait quelle mauvaise rencontre pourrai-je y faire ? De toute manière, en premier lieu mangeons ! La rue donnait sur un large boulevard sans éclairage ou très peu. Sur ma droite se trouvait une place avec un café dont l’enseigne grésillait d’une lumière bleutée « Le bar de la Place ». Je rentre dans le bar…
Une lampe éclairait difficilement la pièce, balayée par le souffle du vent qui s’engouffrait par la porte. Les tables et les chaises qui me faisaient face étaient correctement rangées, un menu était posé sur chacune d’elle. Le sol, quant à lui, était en bois vernis. Le fonds de la salle présentait un large comptoir assorti de tabourets, un gigantesque miroir brisé en son extrême droite le surplombait. Tout en observant les fissures dans le miroir, mon regard s’attarda sur un gars étendu de ce coté du comptoir. Il portait un jean sale dont l’avant était plein de boue sèche. Sa chemise verte à carreaux n’était plus verte à vrai dire, elle était maculée de sauce tomate et de morceaux de viande. « Encore un qui s’est épuisé à la tache, il s’est endormi sur son hamburger ! ». Une fiche avec son nom collait à sa chemise : Eric STEALMAN. Je tentais alors de le réveiller : « Bonsoir monsieur ! », pas de réponse… « Monsieur ? », toujours pas de réponse. Une odeur de moisi planait…
Surpris, je m’avance vers lui. Un fusil à canon scié était sur le sol, je me baissais…Il était vide. C’est alors que je découvre avec horreur qu’il a un énorme trou derrière la tête. « Ce n’était ni du Ketchup ni des morceaux de hamburger ! ». Sa cervelle avait littéralement éclaté. On pouvait distinguer les deux globes oculaires rouge vif. La paroi interne de son crâne était recouverte de sang séché. Lorsque je m’attardais sur ce qui restait de son arrière gorge, je fus pris de hauts le cœur incontrôlables et ce qui devait arriver…arriva. Je me retournais brusquement puis vomis par deux fois mon repas du midi. Je m’essuyais du revers de la main droite. Des vers avaient commencé à dévorer sa langue et remonter de son œsophage. J’étais fan de films d’horreur mais là, ça dépassait tout ! Le visage de cet homme était fripé mais intact, par contre l’arrière était explosé et en décomposition. Un vrai masque. Cet homme avait apparemment pris le soin de remettre de l’ordre dans le bar avant de se donner la mort avec ce fusil. Tout en crachant par terre les restes de déchets coincés dans ma gorge, je m’interrogeais sur les raisons qui l’avaient poussé à agir aussi radicalement. Je fis demi-tour et empruntais la porte par laquelle j’étais entré plus tôt…
Au moment où je franchissais le pas de la porte, une femme me heurta et s’écroula devant moi. Je tendais la main pour la redresser mais je la voyais déjà reculer accroupis et se cacher la tête derrière ses bras et entre les genoux, comme un geste de répulsion. Elle tremblait de tout son être. Je tentais de la calmer en faisant un peu d’humour et lui disais : « Calmez-vous, je ne vais pas vous manger ! ». M’entendant parler, elle releva doucement la tête puis apercevant mon visage, elle me tendit la main. Elle portait un tailleur pourpre arraché en sa longueur, qui laissait entrevoir une partie de sa poitrine, ses genoux étaient écorchés, il ne lui restait qu’une chaussure à talon aiguille. « Pas très pratique pour marcher ! ». En la redressant, la première chose qu’elle fit, fût de l’ôter. Elle suait à grosses gouttes, son visage était crispé. A peine l’eu-je relever que j’entendais dans la ruelle en contrebas comme des plaintes mêlées à des bruits que je ne saurais qualifier : « Des personnes marchent trempées dans la rue ? Quelque chose de métallique traîne par terre ? ». La femme avait entendu elle aussi. Elle dit en tremblant : « Ah non, pas encore eux !! ». Ecarquillant les yeux, je lui demandais : « Qui eux ? ». Elle me répondit inquiète : « Eux ! Les monstres, ils me cherchent ! ». Dubitatif, je lui dis : « Les monstres ?!! Vous devez encore être en état de choc ! » . Puis, dans le faible éclairage qu’offrait la ruelle, je vis peu à peu se dessiner sur le mur des formes humaines à l’exception faite que ce qui semblait être les bras, était démesurément musclés et se finissait par des pointes. D’un seul coup, l’ampoule qui éclairait la ruelle éclata, laissant les personnages dans la pénombre. Puis à dix mètres de nous, je vis une personne s’avancer, puis une seconde, une troisième, deux autres suivaient derrière. Les cris plaintifs émanaient de ces femmes. Enfin, elles m’apparurent plus distinctement grâce à l’enseigne clignotante. Les deux premières avançaient vers nous bras tendus. Après une rapide observation, je m’aperçu que ce n’était plus des bras mais des griffes courbées d’au moins cinquante centimètres de long. Elles étaient toutes dans un état de putréfaction avancé, leurs membres luisaient de pus et laissaient apparaître des veines difformes. Des bras de mutants dans des corps de femmes. Ce qui m’a interloqué fût leurs regards étranges, des yeux reptiliens avaient remplacé les standards…
Je rentrais à nouveau dans le bar et m’emparais d’une chaise. Puis nous attentâmes quelques secondes qu’elles se rapprochent car d’après ce que j’avais pu voir, elles n’étaient pas du genre rapide. A trois mètres de nous, les râles se faisaient plus déterminés. Nous les contournâmes et je lançai la chaise sur la créature la plus proche qui la reçu en pleine tête ce qui la fit reculer puis tomber sur ses acolytes. Profitant de cette situation, nous nous sommes mis à courir tous les deux vers la ruelle d’où étaient venus ces monstres. La ruelle était dépouillée de tout objet à l’exception d’une poubelle nauséeuse. Dans sa continuité, on apercevait à intervalles réguliers des ampoules mourantes. Les créatures étaient déjà de retour mais nous progressions plus vite qu’elles. Elles se rapprochaient tout de même. D’un coup, une idée malsaine me vînt à l’esprit qui me permettrait de m’en sortir sans encombre. Je décidais de la mettre en application. J’arrivais alors à proximité de la femme et la poussais violemment sur la poubelle et elle heurta le mur tout en me regardant d’un air incompréhensif. Elle était sonnée par le choc. Je continuais ma course effrénée tout en pensant au geste inconsidéré que j’avais accompli. « Comment ai-je pu faire une chose pareille !!? ». Je décidais de réparer tout ça et me retournais et fis quelques mètres en arrière mais les créatures n’étaient plus qu’à deux mètres d’elle et moi une quinzaine. Une créature venait de lui saisir un pied. Il était trop tard pour faire quelque chose. Je décidais de l’abandonner à son triste sort, mieux valait elle que moi. « Je ne préfère pas imaginer ce qu’elles vont lui faire subir ! ». Je fis demi-tour discrètement puis m’éloignai de plus en plus vite jusqu’à arriver à un virage donnant sur une ruelle courte aussi lugubre que la précédente. Avant de tourner, je jetais un rapide coup d’œil derrière moi mais la distance était trop importante et la luminosité trop faible pour y distinguer quoi que se soit. D’après le silence complet qui y régnait, les créatures avaient fini par achever cette pauvre femme qui n’avait cessé de hurler…
« Cette ville semble morte, tout comme ses habitants d’ailleurs ! ». Mis à part ce barman et cette mystérieuse femme, aucune trace de vie. Il fait toujours nuit noire sans étoile. Il flottait dans l’air une odeur de relent, de moisi. Qui plus est, des monstres dignes d’une production de Stephen King nous ont attaqué. « Tout compte fait, cette ville est très sinistre, plus vite je la quitterai, mieux cela sera. ». La ruelle dans laquelle je me trouvais était pavée dans toute sa longueur. De temps à autre, des portes grillagées laissaient entrevoir des jardins sinistrement sombres et dépouillés de toute vie. Au loin, peut-être à deux cent mètres, j’entendis des plaintes de chien, elles semblaient émaner de cette bâtisse. Je décidais de m’en approcher. C’était une très vieille bâtisse de style XVIIIème. Son perron était dominé par deux immenses statues. L’une était un ours levé sur ses pattes arrière, prêt à vous lacérer, on pouvait y distinguer l’inscription suivante « VIGUEUR ». L’autre était un doberman dressé sur un rocher, une inscription aussi, « RAPIDITE ». Après avoir dépassé ces colosses de pierre, la porte d’entrée était à cinq mètres environ. La poignée était bloquée et seule l’idée de jouer les gros bras en tentant de défoncer cette porte de l’épaule me faisais rire. Une porte en bois massif d’environ trois à trois mètres cinquante, inviolable en l’état actuel. On pouvait contourner le bâtiment mais difficilement. Sur la droite, des câbles électriques jonchaient le sol humide, mieux valait ne pas s’y aventurer. De l’autre, une porte grillagée sur un chenil d’où émanaient ces complaintes. J’optais pour la seconde solution, moins dangereuse. Je poussais la porte du chenil qui s’entrouvrit dans un raclement métallique. Elle donnait sur une rangée étroite de cages grillagées vides et insalubres. Les aboiements se faisaient plus nets. Localiser ce chien était chose facile, de ce fait j’allais droit au but. Au détour de l’allée, un doberman hurlait à la mort. Par je ne sais quels moyens, il était parvenu à sectionner le grillage et sa tête dépassait à présent. C’était un spectacle affreux, pour tenter de s’extirper de sa cage, il avait certainement coupé le grillage avec ses crocs et sa tête était entièrement lacérée, sa chair meurtrie luisait, des lambeaux de lèvres pendaient autour de son cou. Il était à bout de souffle, il n’en pouvait plus. Sa mort était inéluctable. Rien que de penser à ce qu’il avait dû endurer et pour quel résultat me faisait frémir. D’un coup, la chute d’une poubelle me fis retrouver mes esprits. « Moi qui me croyais seul ! ». Je fis demi-tour et, arrivé devant la bâtisse…
Les créatures avaient retrouvé ma trace. Elles étaient beaucoup plus nombreuses que tout à l’heure, j’en dénombrais une quinzaine. Elles restaient immobiles et me fixaient de leurs yeux reptiliens comme si elles attendaient quelque chose de ma part. De temps en temps, les créatures les plus agacées d’attendre, lançaient un râle d’impatience. Je ne croyais pas ce que je voyais. Mes membres se raidissaient à vue d’œil. Je n’y comprenais rien. J’avais pourtant été très discret et prudent. « Qu’est ce qui avait pu les mener jusqu’à moi ? Du sang ? Non, je ne suis pas blessé. Mes empreintes ? Peut-être, je ne sais pas…Il fait tellement clair !! ». Et d’un coup, en reprenant ma respiration, en humant cette odeur pestilentielle, une autre raison me vînt. « L’odeur de la femme s’était imprégnée sans doute dans mes vêtements, j’avais à plusieurs reprises été en contact avec elle. Les créatures étaient parvenues à me retrouver à cause de cette femme ! Qu’allais-je devenir maintenant qu’elles s’étaient occupées d’elle ? ». Rien que cette idée me glaçait le sang. J’étais figé mais je devais réagir si je voulais m’en sortir…M’enfermer dans le chenil ne me paraissait pas être une bonne solution. « Vu les lames de rasoirs qui leur font office de bras… La porte ne tiendra pas longtemps. ». Je ne pouvais pas me servir des statues car elles étaient beaucoup trop massives pour faciliter mon escalade. Le jardin sur la droite de la bâtisse était gorgé d’eau et des fils électriques baignaient dedans. Les créatures m’observaient inlassablement en râlant de temps à autre. A l’extrême gauche de la bâtisse étaient fixée toute une série de gouttières en métal qui rejoignaient presque la fenêtre de l’étage. « C’est mon unique chance… ».
Je fis un premier pas vers la bâtisse, un second lentement. Je ne voulais en aucun cas énerver les créatures. Dix mètres me séparaient de la première gouttière. Les monstres fixaient à présent la bâtisse d’un air absent. Il ne me restait que quelques pas encore à faire. J’en refis un puis un second et m‘arrêtai pour observer de nouveau. La rue était calme, les créatures ne bougeaient pas. Néanmoins, mon regard s’attarda sur l’une d’entre elles, à quinze mètres de moi, qui était comme prise par des soubresauts. Ses bras restaient inertes mais son torse ondulait, émettant des écoulements de pus sur la surface de sa peau. Sa tête était tournée et ne laissait voir qu’un tas de chairs putréfiées. D’un coup, elle s’immobilisa et reprit sa posture initiale. Mais rapidement, sa tête fit un volte face, se braqua sur moi et esquissa un sourire funeste. A peine l’eu-je aperçu que ses congénères en avaient fait de même. « Je dois faire vite…très vite même… ». J’attrapais la gouttière et commençais mon escalade tant bien que mal pendant que les râles de ces créatures me perturbaient… J’ai maintenant une fenêtre à ma droite mais je ne peux pas l’atteindre. Soudain, je vis une main se tendre vers moi, puis un bras…un visage dans l’ombre, c’est cette mystérieuse femme. « Quand j’y repense, je l’ai laissée à la merci de ces créatures et c’est elle qui me sauve, j’ai honte…Mais comment a t-elle pu se sortir d’un tel guêpier ? ………Bref, c’est ma seule chance de rester en vie. ». Je lui tends la mienne et tout en s’agrippant à mon bras, je vois avec horreur que son visage pâlit à vu d’œil et laisse apparaître deux yeux reptiliens. Elle attrape le second, me ramène vers elle et d’un seul coup d’un seul, elle me projette dans la ruelle, parmi ces créatures. Un rapide regard et je m’aperçus qu’elles étaient identiques comme deux gouttes d’eau, elles avaient dû être l’objet d’une infection virale très puissante… « Quel lâche ai-je été !!! J’aurai dû la secourir…ou ne pas lui faire confiance il y a quelques instants et me débrouiller seul……………… ». Ma chute semblait étonnamment longue, j’allais mourir…Ces créatures n’auraient guère pitié de moi. Je voyais par flash des instants de ma vie passée. Pour mon sixième anniversaire, mes parents m’avaient offert un garage avec quelques voitures. Cela m’avait énormément fait plaisir car c’est celui dont j’avais toujours rêvé : un garage rouge à trois étages avec rampes, station essence, le tout électronique, à chaque passage de voiture sur l’une des rampes, des crissements de pneus se faisaient entendre…Mon premier baiser, au lycée, en 1ère Compta, avec une fille que très peu de gars de la promo appréciaient. Elle avait adopté le style gothique, cheveux ébène, lentilles laiteuses, de très longs ongles noirs et un ensemble noir également, très court. Je détestais voir ce style chez les hommes par contre chez les femmes, cela m’attirait beaucoup…Puis, je me vis, moi, mon visage blêmissant à vu d’œil, vision d’horreur qui disparut dès que je heurtai le sol. J’étais encerclé. La chute de cinq mètres m’avait sonné. Je réalisais à peine ce qui m’était arrivé. Trois de ces bêtes me maintenaient par terre. Leurs serres immenses m’empêchaient de faire le moindre geste. A ce moment, je voulus crier de toutes mes forces mais je vis une quatrième créature s’avancer vers moi. Elle avait l’air de rire. Tout en levant la main vers le ciel, qui laissait entrevoir des griffes magistrales aussi coupantes que des rasoirs, elle s’avança vers moi et me planta une de ses mains crochues dans le ventre. En un éclair, c’est la déchirure, mes organes internes se liquéfient. « Mais que m’a t-elle fait ? Vais-je servir de dessert ? L’heure n’est plus aux plaisanteries… »
« Je ne sens presque plus rien, je ne peux plus bouger, mon pouls ralentit de plus en plus………………………………………………………………………………………………………»
. Puis…………plus rien……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………