[Fan fiction] Une douce chaleur...

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Guilty boy
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Le froid.

Un linceul glacial symbolisant la mort pour tout être vivant. C'est dans ce milieu silencieux qu'était alors plongé la créature quand elle commença à prendre conscience de son éveil.
La température était en train de remonter petit à petit. L'être remua faiblement le bout de ses doigts griffus, engourdis. Il bougea ses paumes, les serra un peu et relacha la pression. Sa cage toracique se souleva, et l'air circula un peu plus vite dans ses poumons. Il inspira, puis expira fébrillement en laissant s'échapper des volutes de vapeur de sa bouche carnassière.
Il s'oxygénait à nouveau par ses propres moyens. Une paupière se souleva prudement, encore couverte d'une mince péllicule de givre. L'oeil reptilien resta tout d'abbord vague, indécis, puis commença à se dilater quand son sang froid l'irrigua de nouveau.

Le caisson s'ouvrit avec un chuintement qui reveilla définitivement la créature. Une lumière parvint à ses yeux. Tout d'abbord aveuglante, elle s'évanouit quand le petit robot autonome qui en était la source tourna son capteur lumineux dans une autre direction et s'éloigna sur ses chenilles mécanisées. Il laissa place à un homme vétu d'un gilet de protection noir éstampillé "HCF", qui brandissait une télécomande en souriant. Il abbaissa ses lunettes noires pour lancer au reptile un regard qu'on pourrait presque qualifier d'affectueux, et lui dit quelques paroles sur un ton enjoleur.

Evidemment, la créature ne comprenait pas tout à fait ce qui se passait sous ses yeux. Elle ne savait pas ce qu'était un robot, des lunettes ou une télécomande. Ces concepts lui étaient totalement étrangers.
Par contre, elle connaissait très bien le bipède qui lui faisait face. C'était son créateur. La première personne qu'elle ait jamais vue en venant au monde. La main qui tenait le boitier de la télécomande était à la fois celle qui la récompensait lorsque elle se comportait corectement, mais aussi celle qui la chatiait quand elle tentait de désobéir. La créature ne comprenait pas le sens du discours que lui tenait l'individu, mais elle devinait qu'il ne voulait pas lui faire du mal pour le moment.

Il l'invitait à jouer avec lui.

La créature aimait bien jouer. Là ou elle vivait avant, Les murs étaient tous d'une blancheur immaculée. On la laissait parfois se promener dans d'autres endroits tout aussi blancs, mais ou il y avait beaucoup plus d'espace pour bouger. Elle aimait bien y courir librement. Elle adorait y jouer.
Les jeux étaient très simples. Parfois, elle devait trouver l'endroit d'ou provenait un son particulier. Si elle y arrivait, on lui donnait une petite chose blanche et couinante à manger. Sinon, le maitre venait la chercher et appuyait sur un petit boitier : la créature avait alors tellement mal à la tête qu'elle avait l'impression que sa soufrance ne s'arreterait jamais. Elle comprit donc bien vite que quand le maitre montrait le petit boitier, il valait mieux jouer pour ne pas devoir souffrir.
Et la créature avait finit par y prendre goût. Elle était maintenant tellement exitée à l'idée de jouer que le maitre ne lui faisait presque plus jamais de mal. L'idée de la récompense y était pour beaucoup.
Avant, on ne lui donnait que de toutes petites choses en pâture. Et petit à petit, on lui en donnait de plus en plus grosses. Son activité préférée consistait bien sûr à les découper en morceau pour observer leur réaction. Quand elles avaient finit de faire du bruit, la créature se résignait à les manger - non sans un certain contentement.

Ces derniers temps, les jeux se déroulaient dans des endroits que la créature n'avait encore jamais vue. Des plaines vastes et ondulantes, des sous-bois ténébreux ou bien des lieux éscarpés. Tout ces terrains de jeu lui semblaient illimités, mais la créature était toujours obligée de rentrer dormir dans son caisson d'acier quand son maitre la rapellait.
Aujourd'hui, le terrain de jeu avait encore changé. Le terrain semblait plat. La créature entendait le bruit de l'eau toute proche et sentait des relents de viande putréfiée : cela la rendit nerveuse.
La voix douce du maitre la calma un peu. Elle savait maintenant ce qu'elle devait faire. Comme toujours, elle sortit du caisson frigorifique, fît quelques pas sur ses deux jambes pour retrouver son équilibre et partit en courant pour découvrir le secteur.

Une porte. On lui avait apprit à les ouvrir : Elle passa sa patte griffue sur une éxcroissance métalique et forca un peu pour l'ouvrir. Elle s'engoufra dans une salle moite, puant la carcasse avariée.
Un bipède titubait dans sa direction en poussant des râles. La créature n'aimait pas son odeur. Elle bondit en l'air et lui arracha la tête d'un coup de griffe. Le corps tomba par terre, et la créature s'amusa un peu avec la tête tranchée avant de la repousser contre le cadavre. Elle n'aimait pas son odeur, elle n'était pas appétissante.
Elle se remit à courrir et entendit soudain un bruit familier. Un sifflement strident.
Son coeur bondit dans sa poitrine : le jeu venait de commencer ! Elle se mit à courrir en direction du bruit. Elle passa une porte. Deux. Grimpa des marches, plongea dans de l'eau croupie et nagea pour franchir un obstacle. Elle perdit l'origine du son pendant un moment Mais le retrouva en remontant à la surface. Elle grimpa sur un sol de pierre, bondit vers une passerelle. L'origine du son se raprochait.

Elle entendit alors un rugissement rauque. C'était une autre créature, comme elle. Elle était quelques salles plus loin, et semblait tout près de l'origine du son. La créature pensa qu'elle allait lui dérober sa récompense, alors elle s'empressa vers l'objectif. Elle entendit aussi des claquements secs, comme ceux des batons qu'utilisent certains bipèdes pour repousser les créatures comme elles. Avec un peu de chance, l'autre créature n'aurait pas la récompense avant elle.
Encore une porte. Quelques êtres gémissant se dirigèrent vers elle, elle les esquiva car ils ne sentaient pas bon non-plus. Encore une autre porte.
Elle courut sur un sol d'acier, bondit sur des cubes de bois et de fer empilés les uns sur les autres et vit un robot-sentinelle, émettant des ultrasons audibles seulement par la créature, fixé au plafond : cela voulait dire que la récompense n'était plus très loin.
Elle retomba par terre et leva les yeux. Juste en face d'elle se tenait un bipède vétu d'un gilet vert, tenant entre ses mains un grand baton bruyant. Une autre créature se trouvait derrière lui - mais immobile sur le sol, étendue dans une flaque de sang presque noire.

La créature rugit de toutes ses forces et bondit sur sa récompense. Un claquement sourd retentit, et elle se trouva projetée en arrière, la poitrine constellée d'éclats douloureux. Elle se releva d'un bond et repartit à l'assaut. Un autre claquement retentit, et elle se retrouva étalée à même le sol en béton, meurtrie.
Une douleur atroce irradiait maintenant tout ses membres. Une douleur diférente de celle que lui infligeait son maitre autrefois. C'était plutôt comme si son corps était percé de parts en parts et que toute sa vie s'en écoulait à toute vitesse.

Elle referma alors lentement les yeux, étendue sur le flanc. Elle sentait son propre sang s'écouler sur sa peau écailleuse. Sa respiration se fît de plus en plus rauque et difficile. Elle se sentait étrangement calme. Trop calme. elle voulut avoir peur mais sentit qu'elle en était maintenant incapable.
Les bribes d'une conscience décousue s'évadaient de son esprit en même temps que sa force vitale. Alors elle se laissa aller, comme quand elle devait rentrer dans son caisson et que le froid ralentissait les battements de son coeur jusqu'à l'inaudible.


Elle qui n'avait jamais éprouvée d'affection ou de paix, trouva au fin fond des ténebres glacées une chose totalement inconnue : la douce chaleur du réconfort.
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Alastor
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C'est l'une des toutes premières fanfics que j'ai lue, et c'est probablement ma préférée... Je pense que je vais m'y mettre, moi aussi, un de ces jours. Ce genre de nouvelles motive plutôt. Et cette partie du forum semble morte ! Il faut la réanimer ! :wink
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