Moi aussi, cette version:
et... je suis nettement moins enthousiaste que toi.
Je développe: l'objet comporte 2 disques, le premier du film proprement dit avec quelques minutes supplémentaires pour une saynete éprouvante se déroulant dans l'appartement voisin de celui de Kaufmann, juste avant son entrevue avec Chollo. Le second les "bonus" habituels, et c'est là que s'est confirmée une contrariété que j'avais éprouvée en le voyant au cinéma lors de sa sortie.
Il y a bien entendu un chapitre dévolu aux maquillages, et à l'appui on voit quelques extraits des scènes de festin et de carnage _ non seulement celles d’anthropophagie mais également, par exemple, celle où Pretty Boy écrase et mutile les zombies avec le camion ; or on les perçoit très nettement, alors que dans le film elles sont tellement noyées dans l'obscurité qu'on n'y voit que des ombres et des couleurs _ beaucoup de noir et de bleu, avec des fulgurances de rouge... le travail des maquilleurs s'en trouve fortement estompé, quand ce n'est pas carrément invisible, et quand on voit comment il ressort lorsqu'il est filmé
a giorno on ne peut que déplorer qu'il ait été escamoté au cours du montage final.
On y trouve également de courtes scènes coupées qui auraient mérité d'être dans le film, ça ne l'aurait pas beaucoup rallongé, ça n'en aurait pas cassé le rythme non plus _ il est assez abondamment fourni en scènes d'action _ et il y aurait gagné en intelligibilité.
Un des défauts esthétique de ce film est donc son trop grand nombre de scènes obscures: ne pas assez voir n'angoisse pas mais finit par ennuyer, une lumière crue et froide comme dans "Zombie" fut beaucoup plus efficace.
Un autre est la musique: le grand orchestre qui a été alloué à M.Romero n'est pas du tout adapté aux genres de films qu'il réalise: des séries B. Ne vous méprenez pas: j'adore les séries B ,et c'est justement parce que je les aime que j'entends qu'elles conservent leurs caractéristiques. Une série B se doit d'avoir, en guise de bande sonore, une musique des plus artisanales, faite par un groupe underground ou trafiquée sur un synthétiseur, avec un thème simpliste mais obsédant, comme dans les meilleurs films de Carpenter ou de Fulci ( seule exception que je connaisse à cette règle : les musiques des deux premiers « Mad Max », composées pour un orchestre symphonique par l’Australien Brian May _ rien à voir avec le guitariste de Queen ! ) Or là on a droit à un fond sonore de film d'aventure hollywoodien, insipide et convenu.
Passons à la réalisation maintenant: le début est totalement raté! Pourtant ça n'aurait pas été bien difficile de nous résumer en quelques vues la situation des survivants en nous le faisant en vue simulée comme dans "New York 1997" , voire de nous montrer quelques plants de tomates sur les toits des buildings comme dans "New York ne répond plus" avec l'ineffable Yul Brinner! Mais non, on découvre au fur et à mesure les conditions de vie des derniers humains, et plus on découvre moins on comprend l'importance donné à la monnaie _ comme le fait observer Sly quelques messages plus haut _ dans un monde où non seulement il n'y a plus ni industrie, ni culture ni production d'aucune sorte, mais encore où l'ensemble de la planète se trouve transformé en un supermarché gratuit géant!
Toujours au début, lorque Chollo et ses potes investissent le magasin de spiritueux: il y a un zombi dans le frigo ( n'importe quoi ) et un autre doit dormir derrière le comptoir puisqu'il faut, pour le réveiller, qu'un humain laisse pendre son bras devant son nez. Or quelques minutes avant Romero nous avait montré les morts tentant de retrouver leurs habitudes de vivants, il aurait donc été plus logique de nous les montrer aux places qu'ils occupaient de leur vivant, attendant le client ou essayant de ranger le magasin, par exemple.
Le malaise engendré par ces illogismes _ et d'autres encore: tous ces gens dans la rue, entre des kilomètres d'immeubles vides... _ perdure tout au long du film. La récurrence systématique de l’apparition des trognes de Big Daddy, de son pote charcutier et de Miss-moitié-de-la-gueule-en-moins finit par lasser. Quant à l’affrontement final il est totalement incongru : autant dans « Day of the dead » on pouvait comprendre que Bub’ en veuille au capitaine, autant là rien ne peut expliquer que Big Daddy , seul de surcroît, poursuive de sa vindicte Dennis Hopper… et qu’on ne vienne pas me dire qu’il l’a reconnu parce que le milliardaire Kauffman avait eu pour habitude d’aller faire le plein dans le patelin paumé où son exécuteur était jadis pompiste !
Une série de petits défauts qui empêcheront, au final, ce film de devenir aussi culte que les trois précédents volets, et c’est bien dommage car d’une part il s’inscrit dans la logique induite par ses prédecesseurs, et d’autre part il se laisse quand-même voir sans ennui et tient en haleine pendant ses 90 mn réglementaires !
Il n’en demeure pas moins qu’il reste à ce jour le seul et unique film à avoir envisagé les morts-vivants en tant qu’ethnie évolutive, avec émergence d’un meneur qui sait donner des impulsions à son peuple, et si message « politique » il y a dans ce film _ puisque il parait qu'il y en a absolument dans les films de Romero _ je n’en vois qu’un: certaines peuplades
ne peuvent pas vivre ensemble pour des raisons d'ordre biologique! L’affrontement sera toujours inévitable, et même si le dénouement du film semble porter une note d’optimisme, c’est en fait cette conclusion profondément pessimiste qui s’en dégage et qui s’impose. Mais en tant que film, je l'ai trouvé trop pauvre en qualités pour le garder dans ma tres selective vidéothèque.